Ces derniers mois ont vu se démultiplier des cris d’alarme sur le nombre de logements qui manqueraient actuellement en France, entre huit cent mille et un million. Et pourtant, de fait, les mises en chantier de logements ont chuté. Du côté des collectivités, il est aujourd’hui plus facile pour un maire de dire « je ne change rien », « je ne construis pas », tellement construire est source de contraintes financières (d’autant plus sans la forme d’incitation que pouvait représenter la taxe d’habitation) et d’oppositions citoyennes. Du côté des opérateurs, c’est la déprime face à des élus qui ne les reçoivent plus, rabotent les projets d’un étage ou deux (le ou les étage(s) sacrificiel(s)) tout en leur demandant d’être distinctifs. Du côté de l’Etat, plan de relance, commissions et rapports sont les réponses apportées face à cette crise, mais qui, au mieux, trouveront leurs effets de façon différée.
Comment réconcilier toutes ces ambiguïtés / contradictions ?
A l’issue d’une enquête réalisée auprès d’un large panel d’acteurs de la ville et en partenariat avec le Club des Entreprises du Grand Paris, l’IHEDM, Territoires Formation et Conseil et Cadre de Ville, nous en avons restitué les résultats de cette question essentielle le 20 octobre dernier. Qu’en retenir ?
Arrêter le copier-coller
Un message fort a été passé à l’attention des opérateurs quant au fait de mieux échanger avec les élus et d’être plus attentifs aux besoins des territoires. Certains allant jusqu’à dire que les promoteurs proposent toujours la même chose, toujours les mêmes produits.
Les contraintes sont multiples pour les maires : il y a des problèmes d’insécurité, des besoins en équipements qu’ils ne savent pas financer ou qu’ils n’ont pas toujours pu anticiper, de nombreux besoins en espaces publics et espaces verts, des oppositions citoyennes fortes face à tout nouveau projet. Le maire est devenu une « boîte à gifles ».
Face à cela les opérateurs font valoir qu’ils ont besoin des maires pour avancer et de leur vision quant au devenir de leur commune, pour mieux s’inscrire en réponse à leurs attentes et ambitions.
Et chacun de convenir qu’il est nécessaire de se parler car nous sommes tous dans le même bateau face à cette catastrophe sociale qui se profile si l’on ne construit pas pour tous. C’est un devoir social et moral de construire.
Apporter de la pédagogie
Notamment sur la densité qui est souvent source d’incompréhension voire d’opposition farouche, comme si c’était devenu un mot tabou à éviter car associé à l’image négative de la tour, de sentiment d’insécurité, de promiscuité, de peu d’espaces verts, de bétonisation.
Et pourtant à l’heure de la lutte contre l’étalement urbain et face à l’injonction du Zéro Artificialisation Nette (ZAN), cette notion de densité doit être traitée car moins consommer, c’est moins s’étaler et donc construire avec un peu plus de verticalité.
Il y a un vrai effort de sensibilisation et de pédagogie à avoir vis-à-vis des habitants et des élus.
Tout l’enjeu consiste à rendre « désirables » les espaces dans lesquels nous vivons et à changer le regard des habitants, des usagers et des décideurs sur les nouvelles constructions. Les espaces urbains peuvent s’intensifier dans la mesure où cela s’accompagne d’un accès à des services publics, à des espaces verts et à des « respirations », à une desserte en transports en commun, qui apparaissent comme les conditions d’une vie en ville désirée et non pas subie.
Etre attentif aux besoins des territoires
Cette attention aux territoires d’accueil des projets est encore bien rare, et pourtant fortement exigée par les collectivités. Ces dernières décennies ont vu se démultiplier des projets « hors sol », se souciant peu de la ville dans laquelle ils s’inséraient, que ce soit sur le plan architectural, urbain et programmatique : repérage foncier, étude de faisabilité à la parcelle et surtout pas plus large.
Quelle que soit la taille de l’opération, nous sommes convaincus, chez CITY Linked, de l’intérêt de porter une attention aux besoins des territoires et d’être à l’écoute des collectivités ou d’être force de propositions à leur côté. Beaucoup s’interrogent sur leur bon niveau d’équipements, sur un manque identifié sur tel ou tel service. En complément et à l’appui d’études ciblées, les opérateurs peuvent, et doivent, être force de propositions sur des approches liant l’urbain, l’économique et le lien avec les habitants.
Anticiper le devenir de sa ville
Selon les tailles des villes, les besoins divergent. Mais de l’avis de beaucoup d’opérateurs, tous sont en attente et en demande d’avoir une vision claire de la part du maire (et de ses équipes) sur le devenir de sa commune. Des villes de plus petites tailles, souvent convoitées par de nombreux opérateurs, se retrouvent démunies face à des sujets urbains complexes qu’elles ne maîtrisent pas, que ce soit en termes de planification, d’outils de montage, de décryptage des différents partenaires susceptibles de les aider dans le développement de leur ville. D’autres villes de plus grande importance sont tout autant démunies moins tant par la non-maîtrise des procédures, que par le fait d’avoir « le nez dans le guidon », et de parfois se faire dépasser par l’attractivité de leur commune en n’anticipant pas assez les besoins générés par cette pression parfois subie. Structurer un projet de ville s’avère toujours nécessaire. Ce dernier permet de fixer les ambitions politiques portées par la ville, de mettre en cohérence l’ensemble des projets (logements, équipements, espaces publics…) et de garantir le bon phasage de l’ensemble de ces projets.
Agir sur la ville collectivement et différemment c’est apporter beaucoup de pédagogie, c’est être à l’écoute des besoins des territoires, c’est porter une vision claire sur le devenir urbain de sa ville. Trois approches qui font écho à l’ADN de CITY Linked.
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