Grand Paris Aménagement est un aménageur public de référence qui accompagne les collectivités franciliennes dans leurs projets urbains, petits et grands : opérations d’aménagement, rénovation urbaine, renaturation, ou encore revitalisation de centre-ville. D’autant plus sur la question du commerce qui « fait partie intégrante des questions attenantes à la fabrication de la ville » comme le précise Stéphan de Faÿ, Directeur Général de Grand Paris Aménagement. Retour sur nos échanges !
- Comment considérez-vous le commerce dans vos opérations ? Autrement dit, que représente le commerce pour les territoires ?
En tant qu’aménageur public, Grand Paris Aménagement a d’abord un rôle d’accompagnement des collectivités, face à la complexification des projets et parfois à un manque d’ingénierie. Nous avons une responsabilité qui « sort » du cadre des projets d’aménagement, au sein de nos opérations, certes, mais aussi dans le diffus ! Et rapidement, la question du commerce intervient tant elle est une composante de la vie des territoires et qu’elle participe directement à la réussite des projets, en termes de vie de centre-ville, de quartier… Par ailleurs, elle demande une véritable maîtrise des outils de montage, de maîtrise foncière etc. que nous sommes à même de mobiliser. Pour parvenir à piloter un actif commercial, il s’agit de le penser aussi sur le plan urbain car il a une véritable influence sur le fonctionnement de son environnement (et inversement). Le commerce de proximité, en particulier, demande un travail fin pour s’implanter.
- Et quels sont, selon vous, les leviers à activer pour piloter cette question commerciale ?
Longtemps, les aménageurs ont simplement « créé » les coques commerciales démontrant un manque de régulation et d’accompagnement pour prendre en main ce sujet. A présent, il s’agit de créer les bonnes conditions pour que le commerce s’implante et vive, d’accompagner l’« activation » des rez-de-chaussée commerciaux, de mobiliser les bons outils pour les recompositions foncières et les projets en périphérie…
L’enjeu consiste à trouver la bonne échelle pour hiérarchiser l’implantation commerciale et la structuration de l’espace commercial. Dans un second temps, il s’agit de pouvoir mener des études fines sur la démographie et les zones de chalandise pour projeter le fonctionnement du quartier : si on connait le niveau de consommation des ménages, qu’on croise un indice de dispersion, on peut rapidement avoir des éléments pour flécher une programmation de mètres carrés mais aussi de types de commerçants.
- Pouvez-vous nous citer un exemple de votre intervention ?
A Villiers-le-Bel, nous avons été à l’initiative, dès 2018, d’une Zone d’Aménagement Concertée (ZAC) sur le cœur de Village, en accord avec la Ville et nous intervenons de manière intégrée sur l’aménagement urbain. Le centre-ville souffre, en effet, d’une dévitalisation et nous souhaitons agir sur un ensemble de sujets transversaux tels que les espaces publics, les circulations et le commerce, en plus de notre action structurante sur les réhabilitations et constructions de logement. Or, conscients que le commerce représente, en partie, la clé de la réussite du projet, nous avons imaginé une méthode inédite pour préfigurer les usages et les activités commerciales : nous pilotons un consortium d’acteurs qui ont la particularité d’être des acteurs « à côté » du commerce plutôt que des acteurs « classiques » du commerce, type foncière ou opérateur commercial. Le consortium est co-piloté et animé par Ville Ouverte et inclut, entre autres, MakeIci pour créer les conditions favorables à l’installation d’un fab-lab, Vergers Urbains dans la définition d’un projet d’agriculture urbaine et alimentation, Voisins Malins dans la récolte des besoins et attentes des habitants, avec une démarche de « porte à porte ».
- Comment envisagez-vous le portage d’actifs commerciaux ?
Dans un premier temps, il s’agit de trouver un équilibre dans la prise de risque sur le portage commercial, c’est-à-dire, de regrouper dans une même foncière des actifs attractifs et d’autres qui le sont moins ; et dans un second temps, trouver la bonne échelle pour porter ces actifs. On observe une tendance qui consiste, pour les collectivités, à se doter de foncières publiques pour porter le commerce de centre-ville en particulier. Cette tendance interroge néanmoins sur les capacités financières d’investissement et l’expertise requises quant au sujet du commerce. On peut imaginer que l’échelle régionale pourrait avoir toute sa pertinence dans la création d’une foncière, notamment du fait que peu d’opérateurs privés l’investissent !
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Retrouvez les cas d’études précités et bien plus encore dans notre ouvrage sur le commerce, réalisé et co-écrit en partenariat avec Catherine Sabbah, Déléguée générale de l’IDHEAL et Pascal Madry, Directeur de l’Institut pour la Ville et le Commerce (IVC).
Avec le soutien d’ARP Astrance, Bellevilles, De Watou, Groupe Chessé, Groupe Frey, Grand Paris Aménagement, P2i, SAMOA, SODES, SOGARIS, à paraître en décembre 2021.