Un nouvel horizon pour les EPCI ?
Si le second tour des élections municipales, puis l’élection des maires (souvent nommé le troisième tour) ont permis de clore un cycle électoral complexe, marqué par la crise sanitaire et une abstention record (voir notre article précédent), les semaines suivantes ont vu se jouer une autre élection, celles des conseils communautaires et territoriaux. Cette dernière était l’occasion de « transformer l’essai » pour les partis ayant réalisé des scores satisfaisants à l’échelle municipale, et de maintenir leurs sièges pour les élus des partis traditionnels. En matière de paysage politique à l’échelle intercommunale, deux grandes tendances peuvent être soulignées :
- Maintien de certaines forces politiques: après de nombreux bouleversements, Patrick Ollier (LR) a été réélu à la tête de la Métropole du Grand Paris, tandis que Martine Vassal (LR) demeure présidente de celle de Marseille Aix-Provence. Damien Castelain pour la Métropole Européenne de Lille, Christian Estrosi pour la Métropole Nice Côte d’Azur, Christophe Ferrari pour la Métropole de Grenoble ; autant de territoires où les présidents réélus devront poursuivre un travail avec les différentes communes, dans un contexte de renouvellement profond de certaines équipes, comme à Marseille par exemple.
- Renouvellement d’équilibres historiques: des équilibres politiques au long cours ont pris fin dans de nombreux territoires, avec notamment l’élection d’Alain Anziani (PS) à la tête de la Métropole bordelaise, mettant fin à la cogestion entre droite et gauche qui prévalait depuis près de 50 ans en instaurant une nouvelle collaboration entre écologistes et socialistes, mais également l’entrée de Bruno Bernard (EELV) à la Métropole de Lyon ou celle de Pia Imbs (sans étiquette) à l’Eurométropole de Strasbourg. Nouvelles relations à nouer avec les territoires, positionnement à trouver en matière d’action publique, de nombreux chantiers attendent les équipes nouvellement élues.
Au-delà de ces grands résultats, l’élection des conseils communautaires est l’occasion de questionner le rôle même des EPCI, souvent mal appréhendés par les populations. Le rôle des intercommunalités se pose également au sein des administrations, certains élus voyant dans l’échelon intercommunal une atteinte portée à leur capacité d’action, tandis que d’autres questionnent l’existence même de l’échelon métropolitain, faute de compétences clairement définies. Grand absent des débats pour les élections municipales, le rôle des EPCI, et tout particulièrement celui des Métropoles, se pose avec une acuité particulière à l’heure où certains documents d’urbanisme métropolitains sont en cours de définition ou d’approbation, comme le SCoT de la Métropole du Grand Paris, lequel connaît actuellement un deuxième arrêt.
Les débats sur lesquels s’est cristallisée la campagne des élections municipales en matière d’aménagement des territoires trouveront-ils une traduction nouvelle à l’échelle métropolitaine ou intercommunale, notamment en matière de densification, de transition écologique et d’artificialisation des sols ? D’actualité, ce dernier chantier pourra être amorcé dès la rentrée, maintenant que tous les nouveaux conseils communautaires sont installés.
Nous ne manquerons pas de suivre ces différentes questions à travers nos décryptages réguliers de l’action publique locale. A très bientôt pour vous les partager !
***